Revue de la presse russe du 18 février

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Kosovo: une indépendance qui avantage la Russie

Un an après la proclamation de l'indépendance, le Kosovo est toujours loin du statut de véritable pays souverain malgré tous ses attributs étatiques: le drapeau, les armoiries, l'hymne et une sorte d'armée, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant.

Pourtant, même ce simulacre d'indépendance kosovare a été avantageux pour un grand nombre d'Etats, notamment pour la Russie.

L'avantage de l'Occident est tout d'abord politique. Les Etats-Unis et leurs alliés sont parvenus à mener à bout le processus, couronné par la décision du parlement kosovar du 17 février 2008. De plus, le fait que l'année passée n'a vu aucun conflit ethnique sérieux déchirer la région, représente un argument fort des partisans de l'indépendance du Kosovo, qui affirment que la souveraineté était le seul moyen de neutraliser le dernier foyer de tension dans les Balkans.

L'avantage de la Russie est politique et économique. Moscou a insisté dès le début des négociations sur le Kosovo sur le caractère universel de la formule kosovare qui devrait la rendre applicable à d'autres conflits similaires, tout d'abord dans l'espace postsoviétique. Après la promulgation de l'indépendance kosovare et sa reconnaissance par les principaux pays occidentaux, la Russie a déclaré que cela avait créé un précédent et qu'elle édifierait sa politique envers l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud en vertu de ce précédent. Moscou a donc reconnu en août 2008 Soukhoumi et Tskhinvali conformément à la formule kosovare.

En outre, la Russie est arrivée grâce au Kosovo à en tirer également un profit économique. Elle s'est activement opposée à l'indépendance kosovare, sans toutefois dépasser la limite d'une confrontation ouverte avec l'Occident, ce qui lui a permis de consolider ses relations avec la Serbie. Résultat: Moscou et Belgrade ont signé en décembre dernier au Kremlin un paquet d'accords énergétiques prévoyant l'achat par Gazprom de la plus grande compagnie pétrolière serbe NIS, ainsi que la construction en Serbie d'un tronçon du gazoduc South Stream et d'un entrepôt souterrain de gaz. Quand les adversaires serbes de ces contrats ont accusé les dirigeants du pays de vendre NIS aux Russes à vil prix, les autorités leur ont rétorqué: ils nous ont aidés à lutter pour le Kosovo.

Nezavissimaïa gazeta

Base de Manas: Washington à la recherche d'un remplaçant

Le général David Petraeus, chef du Commandement central de l'armée américaine, s'est penché hier à Tachkent avec les dirigeants ouzbeks sur la question d'un corridor de transport de matériel otanien vers l'Afghanistan et sur l'éventuel transfert dans ce pays de la base militaire américaine actuellement déployée au Kirghizstan, lit-on mercredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Ce sujet sera également évoqué aujourd'hui à Douchanbé lors d'une rencontre entre le président tadjik Emomali Rakhmon et le contre-amiral américain Mark Harnitchek.

La question de la résiliation de l'accord sur la présence de la base américaine de Manas sera examinée le 19 février lors d'une séance plénière du parlement kirghiz. Les Américains ont à plusieurs reprises déclaré qu'ils considéraient la base du Kirghizstan comme importante et nécessaire, mais pas cruciale.

Selon l'ancien conseilleur du président ouzbek Rafik Saïfouline, la question du transport sera résolue de manière cohérente et concernera tout d'abord le transit ferroviaire. Cela s'explique par le fait que les Etats-Unis ont commencé à constituer en Lettonie un convoi d'aide humanitaire pour l'Afghanistan, qui sera bientôt envoyé vers le pays via la Russie, le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. "C'est précisément la question dont on discute aujourd'hui à Tachkent", a-t-il expliqué.

Le déploiement d'une base militaire américaine n'est pas, selon M. Saïfouline, une priorité pour l'Ouzbékistan. "Le sujet principal est la question des ressources en eau. Tachkent est préoccupé par la position de Moscou concernant la construction de sites hydroélectriques dans des pays limitrophes, ce qui pourrait se répercuter considérablement sur l'équilibre des ressources en eau et en énergie de la région. C'est ce qui explique la froideur de Tachkent envers la décision du président Medvedev concernant l'octroi au Kirghizstan d'un crédit pour la construction d'une centrale hydroélectrique", a-t-il souligné.

Azamat Temikourlov de l'Université américaine de l'Asie centrale (Bichkek) rappelle que l'Ouzbékistan "possédait déjà une expérience de coopération militaire avec les Etats-Unis. Le pays a par le passé accueilli une base américaine sur son territoire, et mène une politique extérieure indépendante de Moscou". "Si les Etats-Unis font une bonne proposition à Tachkent, il l'acceptera", a-t-il affirmé.

Le Tadjikistan est également favorable à une coopération plus étroite avec l'OTAN et les Etats-Unis. C'est pourquoi Douchanbé accueille aujourd'hui le contre-amiral Mark Harnitchek, chef du Département de stratégie, de politique, de programmes et de logistique du Commandement du transport des Etats-Unis.

Vedomosti

Russie: vers plus de transparence dans la formation des élites?

Le Kremlin a rendu publique hier la liste des cent premiers cadres de la réserve des gestionnaires sur laquelle l'administration présidentielle planchait depuis six mois, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Les autorités russes tentent de résoudre un problème ardu: compléter l'élite administrative du pays, pénalisée par un manque complet de concurrence politique.

Si une telle concurrence existait, la sélection des cadres dirigeants dépendrait en partie au moins de la population, et des élections périodiques garantiraient une rotation régulière des élites. A l'heure actuelle, les postes dirigeants sont choisis par d'obscures "responsables en ressources humaines" dont on ignore presque tout.

La "réserve présidentielle" de cadres est le fruit d'une sélection de candidats proposés par 172 experts inconnus (leurs noms étant tenus secrets afin d'éviter tout lobbying) représentant "les organes de pouvoir fédéraux et régionaux, ainsi que le monde des affaires, les associations et le clergé".

La liste contient bel et bien des personnes célèbres et respectées dans leurs domaines d'activité. Quant à l'initiative elle-même, elle semble également très prometteuse de prime abord.

Cependant, les modalités de formation de l'élite dirigeante restent "soviétiques", le succès et les qualités professionnelles étant loin d'être les seuls critères de sélection.

Les membres de la réserve reçoivent une autorité supplémentaire et une assurance pour l'avenir: dans un contexte de "verticale du pouvoir" et d'intensification progressive du rôle de l'Etat dans l'économie, cette liste constitue non seulement un gage gouvernemental de compétence, mais elle cherche en outre à garantir l'absence de tout reproche des autorités envers les "réservistes".

Cette liste publique de "candidats à l'élite" représente sans doute un mieux par rapport à la politique précédente, caractérisée par un choix obscur des dirigeants. Le statut de membre de la réserve s'accompagne cependant pour ces personnes de certaines obligations d'ordre politique.

Nous sommes face à un véritable cercle vicieux.

En Russie, il n'est aujourd'hui possible de mettre ses talents administratifs qu'au service de compagnies et d'organisations soit publiques, soit liées ou "avalisées" par l'Etat. On peut difficilement imaginer une liste similaire rédigée par l'opposition, où l'on peine trouver cent personnes d'un niveau analogue.

Tout s'explique: trop rares sont les personnes mettant la lutte politique au-dessus du succès professionnel. La plupart des personnes actives et ambitieuses donnent naturellement la préférence à ce dernier domaine, et s'abstiennent donc soigneusement d'entamer un conflit avec les autorités.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала