Revue de la presse russe du 20 février

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Nezavissimaïa gazeta /Kommersant/Vedomosti

Affaire Politkovskaïa: les lacunes de la justice russe mises à nu

Le procès du meurtre d'Anna Politkovskaïa, journaliste du bihebdomadaire d'opposition Novaïa gazeta, s'est soldé hier par un fiasco complet pour l'instruction et le ministère public, lit-on vendredi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta, Kommersant et Vedomosti.

Les jurés ont unanimement acquitté tous les accusés, la justice ayant fait preuve d'une impuissance totale au cours de l'enquête sur l'assassinat politique le plus retentissant de ces dernières années.

Sur les 20 questions posées par le juge, 19 réponses des jurés étaient en faveur des accusés. Seule l'existence même du meurtre de la journaliste, survenu le 7 octobre 2006, n'a suscité aucun doute de la part de la cour d'assises.

Le procès traînait en longueur depuis novembre dernier. L'accusation n'a eu de cesse d'assurer le pouvoir et les citoyens qu'elle possédait des preuves irréfutables de l'implication des complices présumés. L'enquête a rappelé une véritable campagne de relations publiques: les chaînes de télévision diffusaient constamment des portraits-robots et des images montrant le malfaiteur entrer ou sortir du vestibule de l'immeuble où s'est déroulé l'assassinat.

Le Procureur général Iouri Tchaïka a été le premier à se targuer, fin août 2007, de l'élucidation complète du crime auprès du président Vladimir Poutine. Cette déclaration avait précédé de peu la création du Comité d'enquête auprès du Parquet de Russie. Poutine était même allé jusqu'à presser l'instruction.

Oleg Chtcherbakov du Collège des avocats de Moscou explique le camouflet infligé à la justice russe par le manque criant de professionnalisme des juges d'instruction.

Alexandre Lebedev, copropriétaire de Novaïa gazeta et président du holding Novye media, estime que "le verdict met à nu l'imperfection du système judiciaire russe". Selon lui, les législateurs auraient pu fournir à l'instruction plus de moyens afin de mener un travail efficace, mais s'en sont abstenus pour des raisons inconnues.

Le rédacteur en chef de Novaïa gazeta Dmitri Mouratov indique que les jurés "ont été présentés dès le début comme des gens très sérieux et compétents". La véritable enquête est à venir, assure-t-il.

"Ces événements, c'est une honte pour le pouvoir", s'est pour sa part indigné Vsevolod Bogdanov, président de l'Union des journalistes de Russie.

Vedomosti

La Russie aux prises avec les stupéfiants afghans

Depuis le début des opérations américaines en Afghanistan, la menace que représente le trafic de drogue pour la Russie a augmenté de façon significative: les récoltes de pavot à opium ont été multipliées par 3 depuis 2001 et la production d'opiacés par 44, a déclaré hier à la Douma le directeur du Service fédéral de contrôle des stupéfiants (SFCS), Viktor Ivanov, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

Selon M. Ivanov, le trafic d'héroïne pure provenant d'Afghanistan se chiffre en Russie à 12 tonnes, soit 3 milliards de doses qui provoquent la mort de 30.000 Russes chaque année. "La doctrine des frontières transparentes a vécu", a-t-il indiqué.

Après le discours de M. Ivanov, les députés de la Douma ont émis plusieurs recommandations: le président devrait créer une commission spéciale au sein du Conseil de sécurité russe, et le gouvernement inscrire la question de la lutte contre le trafic afghan à l'ordre du jour des négociations avec les partenaires au sein de la CEI. Le Service des migrations a été prié de plancher sur une modification des accords en matière d'octroi simplifié de la citoyenneté russe aux habitants des pays de la CEI et le SFCS d'intensifier ses efforts au niveau international.

Selon un responsable du ministère russe de l'Intérieur, le SFCS a annoncé le lancement de la lutte contre le trafic de drogues afghanes alors qu'il était encore dirigé par Viktor Tcherkessov, mais n'a cependant obtenu aucun résultat significatif.

Les anathèmes de M. Ivanov à l'encontre de l'OTAN et des Etats-Unis ne sont pas tout à fait justes, les opérations de la coalition antiterroriste en matière de lutte antidrogue devant bénéficier d'un mandat spécial de l'ONU, indique l'expert Piotr Gontcharov. Il est impossible de modifier le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies: les pays de l'Alliance bloqueront tout simplement sa révision ou son élargissement, estime Dmitri Rogozine, représentant permanent de la Russie auprès de l'Alliance. Les propositions visant à impliquer l'OTAN dans l'opération antidrogue "Kanal" ont également échoué.

Une source à la Douma affirme que compte tenu de la priorité "afghane" de la politique extérieure de la nouvelle administration américaine, l'objectif du rapport de Viktor Ivanov pourrait être de soulever le sujet des stupéfiants afghans avant les négociations des présidents russe et américain Dmitri Medvedev et Barack Obama, qui se dérouleront le 2 avril dans le cadre du sommet du G20.

RBC Daily

Le Kremlin militarise l'Etat pour lutter contre la crise

Le président Dmitri Medvedev a ordonné la formation d'une réserve fédérale de "siloviki" (membres des structures de force), lit-on vendredi dans le quotidien RBC Daily.

Le total des membres des structures de force lancés dans la lutte contre des défis intérieurs a dépassé le nombre des militaires. Les experts indiquent qu'il s'agit d'une militarisation de l'administration de l'Etat dans le contexte de la crise.

La réserve de cadres des structures de force comprendra des représentants de l'armée, des troupes de l'Intérieur, de la Protection civile et de l'Agence fédérale pour les constructions spéciales, a annoncé hier le site du Kremlin.

En outre, on peut percevoir la militarisation du pays à l'oeil nu. Ainsi, la réduction des troupes de l'Intérieur a été suspendue à la fin de l'année dernière. De plus, le total des membres des différentes structures de force qui ne sont pas destinées à repousser une agression extérieure, se chiffre en Russie, selon certaines estimations, à 2,5 millions de personnes, ce qui dépasse déjà les effectifs de l'armée. Après la création des "armées corporatives" de Gazprom et de Transneft, chargées de la protection des pipe-lines, le ministère de l'Intérieur a évoqué la question d'une "armée d'Olimpstroï" dont la mission sera de sécuriser la construction des sites des Jeux Olympiques de Sotchi. Le directeur de Rosrybolovstvo (Agence fédérale pour la pêche) Andreï Kraïniï a déclaré hier que les inspecteurs, dont le nombre s'accroîtrait de 50%, seraient dotés d'armes à feu et de drones, et a annoncé la création d'une force spéciale de lutte contre le braconnage: les "Piranii" (les piranhas). Selon la revue Rousski reporter, l'usine de matériel anti-incendie de la région de Kourgan a reçu une importante commande de blindés équipés de canons à eau destinés à disperser les manifestations.

"La crise pourrait remettre en question la stabilité intérieure", fait remarquer l'analyste politique Dmitri Orechkine. Le nombre de chômeurs en Russie atteindra officiellement 10 millions de personnes d'ici l'automne, a déclaré hier le leader du Parti communiste de Russie, Guennadi Ziouganov. "C'est une catastrophe", affirme-t-il. "La pratique mondiale montre clairement qu'une hausse du chômage de 1% provoque une croissance de la criminalité de 5%". Si les troupes de l'Intérieur ne suffisent pas, on pourra utiliser les forces du Rosrybolovstvo ou même des agences de sécurité privées, soulignent les experts.

"Une partie des fonctionnaires fédéraux se font des illusions en pensant qu'il est possible de se protéger contre les répercussions de la crise en recourant à la force", indique le membre du comité de la Douma pour la Sécurité, Guennadi Goudkov. "C'est tout à fait utopique. L'histoire est riche d'exemples prouvant que la militarisation de l'Etat ne fait qu'augmenter le risque de conflits armés".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала