L'OTAN s'étend à l'Ouest grâce à la France

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Par Andreï Fediachine, RIA Novosti
Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

Sans surprise, l'Assemblée nationale a voté le 17 mars la confiance au gouvernement, comme le lui avait demandé en personne le premier ministre François Fillon. A compter de cette date, Paris a réintégré officiellement, on peut déjà le dire, le commandement militaire de l'OTAN, après plus de 40 ans d'absence. Bien entendu, cet élargissement de l'OTAN à l'Ouest voté par le parlement n'était, en fait, qu'une formalité. En réalité, Paris participe depuis longtemps à toutes les grandes opérations de l'OTAN. La France occupe, sur ces dix dernières années, la quatrième place pour la contribution aux opérations militaires de l'Alliance à l'étranger, par exemple, en Afghanistan, au Kosovo et en Irak.

Nicolas Sarkozy en parlait depuis longtemps, estimant qu'il était temps que la France réintègre les postes de commandant de l'OTAN. Il était pour le moins étrange que l'un des principaux membres de l'UE demeure à l'écart de la prise de décisions au sein d'un bloc auquel appartiennent la plupart des pays européens.

Certes, la France revient dans une OTAN différente de celle qui existait à l'époque de Charles de Gaulle. En retirant son pays de l'organisation, le général avait du reste protesté non pas contre l'OTAN, mais contre la domination des Etats-Unis en son sein. Globalement, il n'aimait pas Washington. A présent, après le départ de George W. Bush, dans le contexte de la crise mondiale, de la perte considérable de la réputation de l'Amérique et de l'irritation générale des Européens, l'OTAN ne sera pas tout à fait la même. Les hommes politiques européens parlent depuis longtemps de la nécessité de réformes structurelles radicales de l'organisation, de la réduction de sa bureaucratie pléthorique et rétrograde.

Nicolas Sarkozy est souvent accusé par la gauche française d'avoir une affection démesurée pour l'Amérique. Mais si l'on excepte des vacances de courte durée passées aux Etats-Unis, cette affection ne s'est manifestée par rien d'autre pour l'instant. Et il est peu probable qu'elle se manifeste à l'OTAN. Au contraire, la France, de retour dans l'OTAN, est déterminée à y apporter des changements.

Le jour du débat à l'Assemblée nationale, il est devenu clair qu'avec la présence de la France dans l'OTAN - et non pas en dehors de l'organisation - les processus au sein de celle-ci ne se dérouleront pas facilement et sans accrocs. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a notamment déclaré ce jour-là qu'il était impossible de prendre des décisions sur l'élargissement de l'OTAN et l'admission de pays comme la Géorgie et l'Ukraine sans consultations avec la Russie. Il ne convient pas d'en décider sans consulter nos voisins russes, a-t-il dit. Selon lui, la France estime que l'Alliance de l'Atlantique Nord doit se concentrer sur son objectif principal, qui est de garantir la sécurité collective, et ne pas tenter de se transformer en une "OTAN globale".

Un autre fait témoigne que les Etats-Unis abordent aujourd'hui l'élargissement de l'OTAN à l'Est de façon différente de celle de George W. Bush. Le jour du débat en France, un rapport spécial a été soumis au président Barack Obama par une commission bipartite d'experts spécialisés dans la politique de l'OTAN et des Etats-Unis en Europe. Cette commission est présidée par l'ancien sénateur démocrate et candidat à la présidence Gary Hart, et l'ancien sénateur républicain Chuck Hagel. Le rapport invite l'administration à élaborer d'autres variantes de coopération de la Géorgie et de l'Ukraine avec l'Occident que leur appartenance à l'OTAN. L'administration doit reconnaître que ces pays ne sont pas prêts à devenir membres de l'OTAN et que les intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis n'exigent pas que ces pays fassent partie du bloc.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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