Pikalevo, ou les dérives du système Poutine (Vedomosti)

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MOSCOU, 8 juin - RIA Novosti. L'opération coup de poing du premier ministre russe Vladimir Poutine dans la petite ville de Pikalevo a clairement montré les particularités du système d'administration publique forgé au cours de sa présidence, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

Une situation qui exigeait une décision des pouvoirs locaux - législatif, judiciaire et exécutif - s'est avérée insoluble à un échelon inférieur à celui du premier ministre.

Le système poutinien réside dans la possibilité d'une ingérence directe des dirigeants politiques dans les relations entre les entreprises privées et leurs employés. Il est donc tout à fait possible de forcer une banque à octroyer un crédit et de contraindre des compagnies à signer des contrats et à payer les salaires. Le principal défaut de ce système de gestion est toutefois évident: l'absence absolue d'intermédiaires.

A l'époque du démantèlement des instituts d'administration d'Etat (Conseil de la Fédération, élections des gouverneurs et scrutin uninominal) et du passage successif des tribunaux sous la houlette de l'Etat, Poutine se heurtait souvent aux accusations de violation des idéaux de la démocratie. La crise prouve cependant que ce problème est réel et loin d'être abstrait. Les changements du système de gestion publique survenus au cours de la dernière décennie se sont soldés par une situation dans laquelle on ne peut s'adresser à personne d'autre que Poutine.

Les licenciements ont lieu dans de nombreuses villes: le chômage a presque doublé en glissement annuel, alors qu'un grand nombre d'entreprises sont incapables de s'acquitter de leurs engagements. Personne n'est physiquement en mesure de résoudre une telle quantité de petits problèmes. Qui plus est, la question de Pikalevo a été résolue de manière la moins efficace: à grand renfort de fonds budgétaires.

Que peut-on demander aux gouverneurs, compte tenu de leur dépendance envers le centre? Comment un sénateur peut-il aider les citoyens, s'il ne sait pas au juste quelle région il représente? Si le parlement possédait des députés élus au scrutin uninominal, leurs cris permettraient de faire avancer le schmilblick. Et le pouvoir pourrait certainement partager la responsabilité avec tous ces politiques élus: les gouverneurs, les sénateurs et les députés de la Douma (chambre basse du parlement russe).

Pourtant, comment pourrait-on partager quoi que ce soit avec ceux qui n'existent plus aujourd'hui?

Par Konstantin Sonine, professeur à l'Ecole russe d'économie

Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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