Revue de la presse russe du 9 février

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Ukraine: Viktor Ianoukovitch ne sera pas un président pro-russe / Moscou et Colombo se sont entendus sur la prospection géologique et des fournitures d’armes / Russie : la réduction du prix du contrat sur la construction d'une centrale nucléaire en Chine / Le prix d’une cathédrale

Vedomosti /Kommersant/ Nezavissimaïa gazeta.
Ukraine: Viktor Ianoukovitch ne sera pas un président pro-russe

L'Ukraine a un nouveau président et la Russie, une chance pour assainir les rapports, lit-on mardi dans les quotidiens Vedomosti, Kommersant et Nezavissimaïa gazeta.

Mais la question principale est de savoir si Moscou trouvera à Kiev, après l'élection, un partenaire ferme pour parvenir à une vision stratégique des relations bilatérales. Cette question est pour l’instant en suspens.

Après la folle époque de Viktor Iouchcthenko, le président ukrainien est à présent un homme sain d'esprit, un dirigeant capable de compromis et à qui il est plus facile de parler russe qu’ukrainien.
Mais la victoire indubitable remportée par Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle ne signifie pas que l'Ukraine soit revenue à l’état de 2004, l'année
"prérévolutionnaire".
Dans un sens, Moscou aura même plus de difficultés, car on ne sait pour l’instant pas qui paiera pour la nouvelle amitié et quelles seront ses conditions.

Viktor Ianoukovitch doit démontrer des avantages sur ses prédécesseurs faillis. Or, pour cela, il a besoin d'un soutien solide: la dette extérieure du pays dépasse 100 milliards de dollars. C'est pourquoi il aura besoin d'un crédit important et il n'est pas difficile de deviner à qui il le demandera en premier lieu.
Par ailleurs, le président du Parti des régions a maintes fois déclaré qu'il considérait les prix actuels du gaz comme injustes.

Il ne faut pas s'attendre à ce que Viktor Ianoukovitch consolide son pouvoir à la manière de Vladimir Poutine ou de Mikhaïl Saakachvili: les différences culturelles et politiques entre les régions ukrainiennes restent grandes, les rapports entre les principaux groupes d'entrepreneurs dans l'entourage d'Ianoukovitch sont loin d’être idylliques et, Ioulia Timochenko et les autres forces politiques ne sont pas prêtes de disparaître.

Les rapports russo-ukrainiens peuvent devenir analogues aux relations russo-biélorusses actuelles. Mais dans une variante bien plus incommode pour Moscou. Le fait est que le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, peut se permettre de prendre des décisions autoritaires, alors que Viktor Ianoukovitch sera obligé de bien réfléchir avant chaque décision pour ne pas être soupçonné de collusion avec le Kremlin et d'abandon du "choix européen". Toutes ses actions seront examinées au microscope tant par l'élite politique que par la société ukrainiennes.

Mais certains aspects de la politique du nouveau président seront certainement utiles pour les rapports russo-ukrainiens.
On peut prévoir que l'ukrainisation accélérée menée par Iouchtchenko, sans opposition de la part de Timochenko, sera freinée, et cela non seulement grâce aux préférences linguistiques et idéologiques du Parti des régions, mais aussi en raison du manque d'argent.
L'adhésion à l'OTAN ne sera plus à l'ordre du jour, il n'y aura pas de livraisons d'armes à la Géorgie. Et ces deux points sont très importants pour la Russie.

Kommersant
Moscou et Colombo se sont entendus sur la prospection géologique et des fournitures d’armes

 Après être longtemps demeurée à la périphérie des intérêts commerciaux et économiques de la Russie en Asie du Sud, le Sri Lanka devient désormais pour Moscou l’un des partenaires prioritaires dans la région, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.
 Le président sri-lankais Mahinda Rajapakse a proposé à Dmitri Medvedev une coopération en matière de prospection d’hydrocarbures dans la zone côtière en vue de d’une extraction commune. Des sources proches des pourparlers, on apprend que les parties ont aussi signé un accord sur l’octroi à l’État insulaire d’un crédit de 300 millions de dollars pour financer ses achats d’armes russes.
 Les parties ont défini huit régions (riches en gaz et pétrolifères) à prospecter dans le bassin du Mannar, sur la côte nord-ouest du pays. Jusqu’à récemment, elles étaient sous contrôle du groupement séparatiste des Tigres de libération d’Ilam Tamoul qui s’est fixé pour but de créer dans la partie nord de l’île un État tamoul indépendant et dont la rébellion a été matée en mai dernier.
 A l’heure actuelle aucun site de gisements d’hydrocarbures n’a été prospecté au Sri Lanka et le secteur énergétique du pays est constitué essentiellement de la production de combustible à partir de biomasse (48%) et de pétrole importé (44 %).
 Gazprom assistera les Sri-lankais en matière de prospection géologique et ensuite dans la production proprement dite. Hier M. Rajapakse a visité le bureau central du géant gazier russe et a rencontré le PDG de la compagnie, M. Alexeï Miller. Gazprom n’a divulgué aucun détail sur les accords réalisés.
 D’ailleurs, la « grande percée » de la visite réside dans l’accord signé par le président Rajapakse sur l’octroi à Colombo par la Russie d’un crédit de 300 millions de dollars étalé sur 5 ans et remboursable en 10 ans. Selon Dmitri Pankine, vice-ministre russe des Finances, il est destiné à financer l’acquisition de matériel militaire et mixte civil/militaire en provenance de Russie.
 Rosoboronexport (l’agence gouvernementale russe d’exportation de matériel militaire) a pour sa part déclaré qu’il s’agissait en premier lieu d’achats d’hélicoptères aussi bien de transport militaire que de combat. Selon Gotabaya Rajapakse, ministre de la Défense et frère du président, qui avait participé à la préparation de l’accord, à l’heure actuelle les forces aériennes du Sri Lanka « exploitent déjà des Mi-17, Mi-24, mais souhaiteraient en recevoir davantage ».
 « Il semble que les militaires sri-lankais voudraient utiliser ces fonds pour colmater les pertes subies par le matériel de l’armée au cours de la guerre contre les insurgés tamouls », déclare Mikhaïl Barabanov, rédacteur en chef de Moscow Defense Brief, en ajoutant que « les autorités sri-lankaises avaient besoin d’une armée forte pour le cas d’une nouvelle rébellion des Tamouls ».

Gazeta.ru/Kommersant
Russie : la réduction du prix du contrat sur la construction d'une centrale nucléaire en Chine

La construction de la deuxième tranche de la centrale nucléaire de Tianwan rapportera à la Russie 2,5 fois moins qu'elle ne le voulait, lit-on mardi dans les quotidiens Gazeta.ru et Kommersant.
Les Chinois ont arraché des rabais en parvenant à  s’entendre sur la production de la majeure partie des équipements sur son territoire. La Chine pourrait construire prochainement des centrales nucléaires sans recourir à l'aide étrangère, préviennent les experts.

En construisant la deuxième tranche de cette centrale nucléaire dans la province de Jiangsu (Est de la Chine), le russe Atomstroïexport n'accomplira qu'environ 30% des travaux, le reste sera confié aux entrepreneurs locaux. La salle des machines, toutes les pompes et une bonne partie des autres équipements de la centrale seront faits en Chine. Cela réduit considérablement le prix du contrat: au lieu de 3,5 milliards d'euros, la société russe ne recevra que 1,228 milliard d'euros.

L'entente intervenue sur la deuxième tranche de la centrale nucléaire de Tianwan peut être considérée comme un "compromis raisonnable avec un certain avantage pour la partie chinoise", estime Mikhaïl Stiskine de Troïka Dialog. Les Chinois sont des négociateurs durs, ils n'ont reçu que les équipements qui leur sont nécessaires, explique-t-il.

"Même le coût initial proposé par la société russe pour la deuxième tranche de la centrale nucléaire (deux blocs d'une puissance de 1000 MW chacun) est inférieur au prix des constructions russes de centrales nucléaires en Turquie ou en Bulgarie. Le prix final de la participation russe est très bas", constate Konstantin Gouliaïev du groupe d'investissement Kapital.

Le coût de la construction de la première tranche de la centrale nucléaire de Tianwan, dont deux premiers blocs d'une puissance de 1000 MW chacun sont déjà en exploitation commerciale, s’est élevé à 3 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros). Il n’est donc pas surprenant que les Chinois aient préféré produire des équipements chez eux: sur certains points, leurs dépenses sont 6 à 7 fois moindres.

Il ne s'agit pas là de main d'oeuvre bon marché, car les salaires des ouvriers chinois sont comparables à ceux des ouvriers russes. Le fait est que le modèle de gestion actuellement en vigueur en Chine est tout à fait différent et permet un cycle complet de production et des frais administratifs bas, explique Andreï Ostrovski, le vice-directeur de l'Institut de l'Extrême-Orient.
Qui plus est, les tarifs du transport et de l'énergie électrique réglementés en Chine par l'Etat sont sensiblement inférieurs aux tarifs russes, précise-t-il. Enfin, la Chine économise sur les dépenses pour l'écologie.

La Chine pourra prochainement construire elle-même, sans l'aide de la Russie, les centrales nucléaires qui lui sont nécessaires dans les conditions de la pénurie d'énergie chronique et de l'absence d'un réseau énergétique unique. D'ici à cinq ans, les sociétés chinoises peuvent intervenir sur le marché mondiale avec leurs propres réacteurs à eau légère, prévoit Andreï Tcherkassenko, chef du groupe de sociétés Atompromressoursy.

Vedomosti 
Le prix d’une cathédrale

Les porteurs d’emprunts de l’Empire russe continuent leur lutte pour le remboursement des dettes, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.

Ils ont l’intention d’utiliser pour cela la décision du tribunal français qui a attribué récemment à la Russie la propriété de la cathédrale de Nice construite par le dernier tsar russe Nicolas II avant la révolution.

Le 20 janvier, le tribunal de grande instance de Nice a reconnu le droit de propriété de la Russie sur la cathédrale Saint-Nicolas à Nice, en déclinant la demande de l’association orthodoxe locale qui prétendait à la propriété de cette église. L’Association Fédérative Internationale des porteurs d’emprunts russes (l’AFIPER) a maintenant l’intention de profiter de la décision du tribunal niçois pour obtenir le remboursement des dettes de la Russie tsariste. Campant sur sa position, la Russie a déclaré qu’elle était successeur de l’empire de Russie, qu’elle plaidait la continuité de l’État, explique le président de l’AFIPER Eric Sanitas (propos cités par Le Figaro), mais « ce qui vaut pour un bien, ne vaut-il pas pour des dettes ? » L’Association envisage de demander au tribunal de saisir la cathédrale Saint-Nicolas, tous ses biens et ses œuvres d’art inventoriés, lit-on dans sa déclaration.

L’AFIPER estime que la Russie doit rembourser aux porteurs d’emprunts russes environ 100 milliards d’euros, compte tenu des intérêts. Au début de 1918, la dette extérieure totale de la Russie équivalait à environ 13500 tonnes d’or. Le Comité exécutif central de Russie annula les emprunts des gouvernements tsariste et provisoire par décret le 3 février 1918. En valeur actuelle, cela représente 440 milliards de dollars, a calculé Nikolaï Sosnovsky de la banque Ouralsib.

En fait, Moscou avait effacé les dettes de l’Empire russe en 1996, l’année de la conclusion d’un accord bilatéral sur l’annulation de la dette envers le gouvernement russe. Le mémorandum avait été signé par les premiers ministres des deux pays, Viktor Tchernomyrdine et Alain Juppé. En tant que compensation, la Russie avait versé au gouvernement français 400 millions de dollars et celui-ci s’était chargé de régler les réclamations des porteurs d’emprunts qui n’avaient pas reconnu cet accord, précise un représentant du ministère russe des Finances.

Les porteurs d’emprunts russes ont déjà tenté d’obtenir du gouvernement russe un remboursement (voir la remarque ci-dessous). La reconnaissance de la continuité peut concerner également les dettes, estime Ilya Ratchkov, partenaire de la compagnie Noerr Stiefenhofer Lutz. La confirmation du droit à un bien ne peut pas entraîner automatiquement la reconnaissance des engagements concernant les titres émis, objecte Ivan Marissine, partenaire de Clifford Chance : « Cette question implique une analyse juridique minutieuse ». En tout cas, les chances de percevoir de l’argent sont minces, estime Ilya Ratchkov : « Plus de cent ans ont passé, le délai de prescription civile a expiré ».

Les réclamations de l’AFIPER n’auront aucun effet sur le placement des obligations souveraines russes prévu pour cette année, car le fondement juridique des réclamations est encore flou, estime Pavel Pikoulev de la société d’investissement Trust. Mais si des preuves sérieuses sont présentées par les porteurs d’emprunts, le marché réagira négativement, ce qui entraînera une hausse du prix du placement, ajoute-t-il, car 100 milliards de dollars, c’est une somme importante.

Remarque
Les huissiers sont arrivés trop tard
En 2002, l’AFIPER avait insisté sur la saisie du voilier-école Sedov dans le port de Marseille, mais ce navire était reparti avant l’arrivée des huissiers. En 2003, les porteurs d’une partie des emprunts russes avaient porté plainte contre la Russie devant la cour d’appel de Paris, en exigeant la compensation de 350 millions d’euros, intérêts compris, pour 82 années. En 2005, le cabinet Cleary Gottlieb qui représente les intérêts de la Russie avait obtenu la clôture du procès.
   
Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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